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Flavie Flament : quand le traumatisme ressurgit

des souvenirs enfouis

"Je ne savais pas ce qu'était l'amnésie traumatique avant de la vivre, je ne savais pas ce qu'était cet enfer. Vous avez l'impression que votre tête est une maison ouverte à tous les vents, vous êtes traversés par des images, vous êtes traversés par des flashs... qui sont en fait des souvenirs qui sont enfouis au plus profond de vous, dont vous pré-sentés l'existence mais dont vous êtes incapables de savoir de quoi il s'agit"

"L'amnésie traumatique c'est votre cerveau qui est absolument magique, [...] qui vous permet d'oublier ce qui pour vous est absolument insoutenable et qui met votre santé psychique en danger".

La sidération et la dissociation : "J'ai abandonné mon corps, comme si tout d'un coup mon esprit partait ailleurs... et par la même occasion je me suis déconnectée de mes émotions, puisque mon corps ne faisait que le subir mais mon esprit était déjà ailleurs"...

"L'amnésie traumatique recèle des souvenirs à l'état même du moment où vous les avez vécus, ils ne sont pas polis par les années". "C'est comme si vous y étiez vraiment précisément, y a pas d'adoucissements des choses".

"Les souvenirs sont psychiques et physiques". "Vous le vivez physiquement : j'ai eu l'impression de ressentir des choses, de ressentir des mains... c'est-à-dire que mon corps lui aussi avait une mémoire et était en train de la laisser s'exprimer"...

 

Mes autres souvenirs d'agressions sexuelles subies dans l'adolescence "ont existé mais d'une façon très floue, très vague... quand on commence à aller chercher des souvenirs dans l'amnésie traumatique, c'est comme si vous étiez en train de dérouler un fil, et qu'à chaque fois vous avez une nouvelle prise... Et en fait, j'avais souvenance de situations singulières, pas tout à fait normal, que j'avais pu vivre par ailleurs, ..." J: "Que vous auriez pu dire...." "Oui, mais vous savez, quand vous êtes élevé dans un environnement particulier, il est difficile aussi de se rendre compte de la normalité des choses"

"Quand vous regardez aussi aujourd'hui, il y a une partie des victimes de viols qui sont dans un environnement qui n'a pas su les protéger, et qui favorisait aussi ce genre de choses". "C'est un mode de fonctionnement, y a aussi une histoire d'emprise psychologique, il y a quelque chose qui fait qu'à un moment donné, en tant qu'enfant on est privés de sa parole, quand on ne vous entend pas vous êtes privés de votre parole, donc le simple fait de dire non, c'est quelque chose qui vous parait impossible, et à partir de ce moment, c'est qu'il y a une incapacité à dire non, une incapacité à s'élever contre l'agression, et qui fait que par des moyens de par exemple dissociation, des personnes continuent à subir des maltraitances en ayant ce truc magique en elles qui font qu'elles ne sont plus totalement là quand elles les vivent..."