la parole libérée

Emission Les Pieds sur terre, France Culture : La parole libérée

Du 22 février 2019

  • Reportage : Alain Lewkowicz
  • Réalisation : Lise Côme et Emmanuel Geoffroy

Merci à Olivier Savignac , Marie, Françoise, Jean-Pierre et Alain Houdy. Merci à tous ceux de « La Parole Libérée » qui ont répondu à notre appel à témoigner et que nous n’avons pas pu rencontrer.

 

Enfants ou jeunes adultes, ils ont tous été les victimes de prêtres prédateurs, membre de leur famille ou de l’entourage proche. Amnésie et syndromes post-traumatiques, silence coupable et chape de plomb, ils vont mettre des dizaines d’années avant de trouver la force de témoigner.

 

Alain avait à peine dix ans quand il intègre l’internat d’un établissement catholique. Ce petit gars de la campagne est très impressionné par cette école où les élèves sont très nombreux. Un soir, alors qu’il a mal au ventre, il demande au surveillant du dortoir d’aller à l’infirmerie. Mais ce dernier le convoque dans sa chambre. C’est là que les abus sexuels commencent.

"Plein de fois, il venait me chercher la nuit pour le rejoindre dans son lit. Je le suivais docilement. J’étais soulagé quand il appelait d’autres élèves." (Alain)

 

Quand le curé en chef convoque Alain et un autre élève pour les interroger sur les agissement de l’homme, il leur intime l’ordre de garder le secret. Plus tard, élève au Petit Séminaire près d’Orléans, Alain est toujours sous la menace de prêtres prédateurs.

"Près des dortoirs, il fallait filer vite pour ne pas croiser un prêtre." (Alain)

 

 Aujourd’hui, Alain a soixante-sept ans, il raconte son histoire pour la première fois : la honte, le dégoût, la colère à l’endroit des adultes qui ne voulaient pas savoir.

"Je suis resté avec mon silence, mon fardeau, ma solitude." (Alain)

 

Marie a très peu de souvenirs de son enfance. Pourtant, quand elle rendait visite à un oncle curé, admiré et vénéré par sa famille, celui-ci profitait des coins sombres de la maison pour la violer. Un secret lourd que Marie a porté pendant cinquante ans.

"Si mon oncle me fait du mal, c’est que je ne dois pas être quelqu’un de bien." (Marie)

 

Adolescent, Jean-Pierre était d’une nature sombre et mélancolique. Ses parents décident alors de lui faire consulter l'aumônier de son lycée, le père Anatrella, qui se disait alors prêtre et psychanalyste.

 

"Il me posait des questions intrusives sur mon sexe ou la masturbation." (Jean-Pierre)

 

Plus tard, à trente ans, Jean-Pierre fait à nouveau appel au prêtre pour poursuivre une thérapie et soigner son alcoolisme. Mais les séances dérapent.

 

"J’étais nu sur une table de massage, il suivait un rituel. C’était malsain." (Jean-Pierre)