Pouce Verte

textes


Témoignage de vie...

 

#BalanceTonSlam

#OnEstLàAussi

 

Je suis pas née en Afrique, je connais pas la famine,

Ni dans une cité, je suis pas fille d'immigrés,

Je connais pas le racisme, mais une forme d'ostracisme,

Je suis pas non plus à la rue, on m'a juste jamais entendue.

Pourtant, c'est pas une impression, je suis pas bien à la maison.

 

Je suis là, regarde, c'est moi... Je suis là, mais je comprends pas bien comment ni pourquoi...

 

Je voudrais juste entendre un « ma fille je t'aime »,

Qu'elle souhaite pas que je parte avant elle.

« J'ai été adoptée, c'est forcé, c'est caché dans leurs papiers ! »

Mais faut que je me rende à l'évidence, y a une ressemblance, personne d'autre ne viendra...

Quand on est dans une famille culte, difficile de faire faire la culbute...

Alors je ferai mon terreau fertile, au milieu de cette terre aride, dans laquelle je vais pousser.

Longtemps elle demeure, la personne qui me fait le plus peur...

 

« Vous ne vous êtes tout simplement jamais rencontrées... »

C'est aussi simple que ça ? Mais je comprends toujours pas, je suis là, moi... Je dois faire quoi ?

Qu'est-ce qui ne va pas chez moi !?

Parce que souffrance rime avec violence, et que y a pas d'ordonnance,

Je m'accrochais aux branches, je faisais la planche, je partais en transhumance...

C'est ça la maltraitance...

Qu'on me dit ordinaire...

 

Après 35 révolutions planétaires, c'est mon corps qui la vomit.

Je ne peux plus rien empêcher, ça sort par tous les côtés !

Je ne peux plus travailler.

Entre médecins, examens, on ne trouve rien,

« Faut juste vous calmer ! »

Et elle de rajouter : « On pourra dire que tu nous auras fait chier !... »

 

Mais c'est la métamorphose d'un corps mort qui ose s'espérer un jour papillon.

J'abandonne ma protection, ma carapace tombe, c'est la fin de la dissociation

Pour que la douleur ne devienne pas éternelle...

 

Puis un jour je me souviens... C'était quand ? Mais on m'avait dit que nan !

Et ben si, c'est écrit !

Dans la loi, il n'avait pas le droit...

 

Alors tout explose, et pas en apothéose, c'est l'apocalypse.

Et là je m'éclipse...

Je me sens finie, suis-je encore en vie ? Juste un détritus humain, sur le bord du chemin...

Des réveils en sursaut, des aigles noirs glaciaux dans le dos.

Le souffle des explosions à répétition qui se propagent et ravagent la face de mon visage... ça change le paysage...

Du monde entier qui continue à l'ignorer... Et pourtant, ça se voit, j'envoie des signaux de proie...

C'est écrit sur mon front, alors je le cache comme ceux qui nous le font.

J'ai honte.

J'ai peur des mains, de la main qui contraint, des mains qui contactent, des mains qui attaquent, des mains qui touchent, des mains qui attouchent, des mains qui approchent, des mains des proches, des mains qui caressent, des mains qui blessent...

 

« Et pourquoi vous l'avez.. ? » Pourquoi pourquoi ? Je m'en pose, moi, des questions !

On a beau dire « sidération », même des professionnels c'est l'affront, et on rentre dans la culpabilisation.

Comme un lapin pétrifié, devant une voiture tous phares allumés, reste sans se sauver... on est con.

 

Les flash-backs réattaquent, mon cerveau contre l'attaque.

Diagnostic : c'est la mémoire traumatique.

Qui met le feu aux poudres. Y a pas d'huile à re-coudre...

Mon cerveau court-circuite, mécanisme de survie.

Contre la violence, la maltraitance, une seule solution : la dissociation, de ses émotions.

Mais je veux en reprendre possession ! C'est quoi cette appropriation !

Mon corps m'appartient ! Ce n'était pas le tien !

Tu m'as prise pour un jouet, mais je ne suis pas un objet !

 

Pouce ! Je ne joue plus.

Et chaque jour, je travaille à mes gammes, de petits pas, comme Lina...

Sauf que c'est pas fini, v'là l'amnésie traumatique qui rapplique.

Va falloir que tu t'habitues à ce vocabulaire...

Si on ne l'arrête pas, il va bientôt devenir sociétaire...

Mais c'est trop long, faut que j'accélère !...

Là c'est toute ma vie qui se remplit !

A 38ans, c'est important, c'est juste 20ans, après 18ans, tu comprends ?

Pourquoi des hurlements, à mon père en pensant ?

C'est qui ce con-sacré, avec qui tu m'as laissée... tomber ?

Et cette main, sur la porte, je me souviens à qui elle appartient...

C'est quoi toutes ces punitions ? Ces intrusions ?

C'est familial ? C'est normal ? C'est environnemental ?

 

« Grâce à Dieu, les faits sont prescrits ! »

C'est vrai que dit ainsi, je me sens tout de suite guérie !

Ce n'est plus dans les papiers... on peut nous classer...

Je dis ça sans rage, je ne tiens pas à m'enfermer davantage...

Mais on n'est pas des objets, qu'on peut recycler...

Pourtant y a des possibilités, offrez-nous une seconde vie...

 

Tout d'un coup, mon histoire, je préfère moi-même ne pas y croire...

C'est pas possible, je joue dans un film !

Je raconte des bobards...

Je suis là, mais c'est pas moi.. peut-être alors que c'est toi...

Je suis Flavie, je suis Séverine, je suis Anna, je suis François,

Je suis celui et celle qui ne se souvient pas... je suis plusieurs milliers de gens en France...

On est là, cherche pas, on est juste à côté de toi...

 

A tous ces adultes qui n'ont pas compris, que j'appelais au secours, quand j'étais petite,

A tous ceux qui croient, que la douleur ne vient que de moi...

Pour que ce V, que je n'arrive pas à prononcer, se transforme de Victime à Victoire...

Ensemble on peut y croire...

#Je balance ce slam. Pour que la Parole se Libère.

Pour combattre cette violence avec des pouces verts... un avenir sans perversité... à comparaître. On est tous de concert, nés.

Alors aux Grands Cerfs d'aujourd'hui, qui regardent par leur fenêtre, des lapins venir à lui et crier ainsi,

Faites donc en sorte, d'ouvrir enfin votre porte.

Le temps presse, on est dans la détresse.

Les soins adaptés, on les trouve toujours pas !

Ça suffit pas d'être agressé, à Victime, on veut rajouter, Handicapée, Invalidité, … Retraite anticipée...

 

Pour que France ne rime pas avec souffrance, ni maltraitance...

Parce que l'enfance est belle mais fragile, protégeons-la...

Nous on est là, au rendez-vous, on n'attend plus que vous.

On ne vous demande pas de nous offrir le Machu Picchu

Mais chaque matin, on sera le lapin, qui tuera le chasseur, pour que les enfants dorment sans peur,

On mêlera notre petite goutte à l'océan de nos cœurs...

Debout.